Bof à 549 euros, très bon à 350 euros


Avec le temps, on a presque totalement oublié l’idée d’avoir un véritable PC Windows d’entrée de gamme qui ne soit pas une tannée absolue à utiliser. L’OS de Microsoft a toujours eu la réputation d’être une machine à gaz, et il faut dire que les constructeurs n’ont jamais fait grand effort sur le segment en dessous des 600 euros.

Le succès des Chromebook en est la preuve : la demande de PC véritablement accessibles, qui répondent aux usages modernes tout en étant assez légers pour être transportés partout, ne fait qu’augmenter avec le temps. Pour les enfants, pour les étudiants, pour une petite machine réclamant un petit investissement à ajouter sur une grosse configuration coûteuse… Ce petit segment peu coûteux a de l’intérêt. Et Nokia, qui est plus connu pour son impact dans le milieu de la téléphonie, semble vouloir le conquérir.

Comme un air de MacBook unibody 2-en-1

Si on le voit posé sur une table de bureau au loin, le Nokia PureBook Fold 14 ne choque pas le moins du monde. Particulièrement dans ce coloris noir, on aurait même l’impression (de loin toujours) qu’il s’agit d’un ordinateur portable tout à fait ordinaire. Et c’est en soi déjà un point positif, puisqu’il n’apparaît pas comme une « version Wish » d’un vrai PC comme peuvent parfois l’être certaines références.

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C’est évidemment en le prenant en main qu’on voit les grandes différences. A commencer par le poids, puisqu’à 1,56 kg pour une épaisseur de 2,15 cm, il s’éloigne déjà des ultraportables qui font l’actualité, ultra fins et légers. Le Nokia PureBook Fold 14 fait indéniablement son petit poids en main, mais là encore : on pouvait s’attendre à bien pire. Il en va de même pour la sobriété de son châssis, intégralement en plastique d’assez basse qualité, qui rappelle une version plus rectangulaire et de moins bonne facture des Macbook unibody blanc d’antan. Son plus gros problème dans cette comparaison est d’avoir des arêtes marquées, qui peuvent griffer au niveau de sa charnière.

Son côté rectangulaire est justifié par le fait que, comme son nom l’indique, il est capable de refermer son écran sur lui-même pour devenir une tablette. A ce titre, la très grosse bordure inférieure arrondie de son écran tend à choquer quelque peu, même si l’usage 2-en-1 reste assez secondaire. Sur ce point, et dans cette catégorie de prix, Chrome OS a un avantage conséquent à l’usage. Mais là encore, les PC 2-en-1 de la sorte sous Windows ne sont pas légion à ce prix ; il arrive donc à sortir du lot.

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Le clavier intégré au Nokia PureBook Fold 14 a tout du modèle d’entrée de gamme. Mais plutôt que d’avoir des touches extrêmement molles sans retour, nous avons des bons gros bouts de plastique texturé au rebond semblable à un bon vieux petit ressort. Le fait est que du côté du confort tactile, c’est loupé. Mais pour ce qui est du confort de frappe, les touches sont bien espacées, très larges, et offrent un retour haptique très bon qui permettent de retrouver ses marques en un fragment de seconde. Dès qu’on oublie ce premier contact cheap, on est vite lancé dans sa rédaction sans ressentir de gêne.

Il en va de même pour le pavé tactile, dont la largeur très respectable se couple à un plastique certes toujours aussi cheap, mais à la glisse convenable. Surtout, on notera l’intégration là encore peu commune d’un lecteur d’empreintes au coin supérieur droit de celui-ci, qui garantit un niveau de sécurité qu’on n’aura pas nécessairement l’habitude de retrouver sur cette catégorie de produit. Etonnant, une nouvelle fois.

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Vous commencerez probablement à vous dire que le loup se trouve sur la connectique, mais… On est toujours pas déçu. Avec deux ports USB-C 3.0 compatibles Power Delivery à gauche en compagnie d’un port combo jack, et un port USB A 3.0 à droite avec un lecteur microSD, on est en face de nombreuses options que même la Surface Go 3 de Microsoft n’intègre pas.

Sa véritable faiblesse ? Intégrer deux haut-parleurs de seulement 1W. Il n’y a pas photo : c’est la pire expérience audio que nous avons jamais entendu sur ordinateur portable ou smartphone de tous les segments possibles. Le volume à son plus fort correspond à peine à la moitié du volume moyen constaté dans tous nos tests. La qualité de son est exécrable, avec des basses et des mediums totalement absents au profit d’aigus nasillards.

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Le consommateur imaginé pour ce type de produit aurait toute envie de consommer sur le pouce quelques séries et films, mais il lui faudra obligatoirement s’équiper d’un casque pour cela. Heureusement que l’appareil intègre bien un port jack et est compatible Bluetooth 5.0. Etrangement, du même temps, sa webcam 1 mégapixel n’est pas si mauvaise que ça et suffira largement pour de la vidéoconférence très basique. On s’attendait pourtant à un autre sacrifice.

Au moins, ça ne vous brûlera pas les yeux

Le Nokia PureBook Fold 14 s’équipe d’une dalle tactile de 14,1 pouces supportant une définition maximale de 1920 x 1080 pixels, soit un ratio 16:9, pour une résolution de 156ppp et un taux de rafraîchissement très classique de 60 Hz. Sur ce point, et considérant qu’il s’agit d’un produit 2 en 1, un ratio 16:10 permettant de mieux couvrir l’espace physique du produit aurait été apprécié, mais il faut bien faire quelques concessions çà et là.

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La véritable concession difficile à accepter pour cette dalle est sa luminosité maximale mesurée à 211 cd/m², bien qu’annoncée à 250 cd/m² par le constructeur. Ce manque de 40 cd/m² peut faire toute la différence puisque dans un environnement de travail très éclairé, l’écran du Nokia PureBook Fold 14 pourra vite être plus compliqué à lire. Si 150 cd/m² peut suffire dans bien des cadres, notamment tranquillement posé à la maison un soir d’hiver, ses limites se verront très vite en plein été.

Comprenez bien qu’avec cette luminosité maximale, vous pouvez oublier intégralement la possibilité d’utiliser ce PC portable à l’extérieur. Et que la majeure partie du temps, même en intérieur, il vous faudra vraiment pousser votre écran jusqu’à environ 200 cd/m², soit utiliser presque constamment votre dalle à sa puissance maximale. Ce qui va avoir un impact conséquent sur l’autonomie de l’appareil.

C’est bien dommage car le reste n’est pas si mal pour cette catégorie de produit. La dalle du Nokia PureBook Fold 14 a par exemple un très bon taux de contraste à 1485;1, et offre un Delta Esur l’espace sRGB de 5,02, qui aurait pu être bien pire sur l’entrée de gamme. Après tout, le Surface Go 3 a fait 6,35 sur le même test. En considérant sa place sur le marché, c’est véritablement sur la luminosité maximale que réside la plus grosse faiblesse du Nokia PureBook Fold 14, qu’on aurait aimé voir (de manière raisonnable) entre 250 et 300 cd/m². A 220 cd/m², il se limite dans les usages vraiment envisageables de son utilisateur : un trajet en train, à titre d’exemple serait une catastrophe sur cette dalle.

L’avantage principal est le silence

Le Nokia PureBook Fold 14 est équipé du très sobre Intel Pentium N6000, qui reste la meilleure puce de 2022 du segment N,très accessible, du fondeur. C’est un processeur que l’on retrouve principalement sur les Chromebook et très peu sur les ordinateurs Windows, qui offre 4 cœurs et 4 threads avec une fréquence de base de 1,1 GHz pouvant turbo jusqu’à 3,30 GHz. Evidemment, son principal intérêt est d’offrir un TDP très bas de 6W, ce qui veut dire peu de consommation pour plus d’autonomie et peu de chauffe. Très peu de chauffe. Il est associé à 8 Go de RAM LPDDR4X et 128 Go de stockage en SSD.

Dans nos tests de performance, nous constatons un point très important pour établir la place de ce produit sur le marché : que ce soit sur PCMark 10 ou Cinebench R23, le Nokia PureBook Fold 14 offre des performances similaires (en moyenne) au Microsoft Surface Go 3. L’un de ces deux appareils est pourtant bien plus respecté que l’autre, ce qui prouve qu’il faut tout de même donner un petit coup de chapeau en direction de Nokia sur ce coup.

Evidemment, les puces entrée de gamme de la sorte sont loin de pouvoir vraiment jouer à des jeux 3D. Les performances 3DMark ne font que souligner l’évidence. Si vous souhaitez vraiment vous adonner à votre loisir favori sur ces machines, il faudra soit vous contenter de jeux 2D très peu gourmands (et encore), soit passer par des services de cloud gaming type Shadow ou NVIDIA GeForce Now.

Comme toujours avec ces processeurs Pentium N, vous consentez à ce sacrifice pour un énorme avantage : un refroidissement passif, donc complètement silencieux. Sans ventilateur se devant de tourner pour évacuer sa chaleur, le Nokia PureBook Fold 14 reste parfaitement silencieux qu’importe la tâche lancée. Il en va de même pour ses températures, qui même à pleine puissance (ce que vous ne ferez jamais en usage réel) ne dépassent jamais 43°C. Le châssis en plastique a ici ses avantages, puisque ce matériel n’est pas un bon dissipateur et devient donc difficilement trop chaud pour être inconfortable pour le consommateur.

Comprenez bien une chose sur le Nokia PureBook Fold 14 : il ne sera jamais assez véloce pour lancer des programmes tels qu’Adobe Photoshop de manière confortable. A l’image des Chromebook, c’est avant tout un PC fait pour la bureautique et naviguer sur internet. Et à ce petit jeu, il est bien capable d’offrir une expérience fluide et agréable à l’usage, tant qu’on respecte ses capacités. Si les détracteurs de Chrome OS soulignent toujours le système d’exploitation comme le plus grand point faible de la plateforme, alors ils doivent le respect au Nokia PureBook Fold 14 qui se veut clairement être l’alternative Windows des mêmes produits.

Si vous ne travaillez que l’aprem

La voilà… La rubrique la plus redoutée de ce test. Le Nokia PureBook Fold 14 intègre une petite batterie de 38 Wh pour alimenter certes un petit Pentium N6000, mais aussi un large écran de 14 pouces. Il est fourni avec un chargeur de 45 W qui utilise le port standard USB-C et la norme Power Delivery. Ce dernier point est tout ce que l’on attend de n’importe quel ordinateur portable qui ne soit pas gamer ou créatif.

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Sauf qu’avec une si petite batterie pour une si grande diagonale, on ne peut pas faire de miracles. Dans nos tests d’autonomie polyvalente, qui simule des usages bureautiques divers, le PureBook Fold 14 n’a tenu que 4 heures et 55 minutes. En streaming vidéo, ce n’est pas mieux : on se retrouve avec 4 heures et 52 minutes d’autonomie. S’il se veut être un concurrent sérieux des Chromebook, il faudrait plutôt qu’il atteigne des scores aux alentours des 10 heures, ce que font sans le moindre effort les produits Google intégrant le même SoC.

Ceci étant dit, nos tests d’autonomie sont normalisés. Tous ceux-ci se font avec une luminosité d’écran bloquée à 200 cd/m², qui est généralement la moyenne des capacités des écrans et un taux confortable en intérieur. Mais lorsqu’on est face à une machine comme le PureBook Fold 14, qui fait tout pour réduire son coût en sacrifiant certains éléments comme sa dalle, il vaut peut-être mieux considérer son autonomie à 150 cd/m². A ce taux, l’écran reste lisible en intérieur tant que le soleil d’été ne pointe pas le bout de son nez, et la consommation électrique est drastiquement changée.

Nous avons donc relancé un test d’autonomie polyvalent à 150 cd/m² qui nous amène à… 4 heures et 58 minutes. L’espoir nous aura fait vivre une journée de plus, mais c’est un fait : l’autonomie de ce Nokia PureBook Fold 14 est sa plus grande faiblesse, et notre plus grande déception concernant l’appareil. Il sera évidemment possible de tirer une petite heure de  plus en utilisant le mode économie d’énergie de Windows, mais l’OS de Microsoft n’est définitivement pas optimisé pour ces petites configurations. Chrome OS conserve son avantage conséquent sur ce point.



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